Entre 1949, date de l'arrivée au pouvoir du Parti communiste et 1979, date de l'ouverture, la population chinoise a pratiquement doublé, passant de 500 millions à un milliard d'habitants pour atteindre 1,3 milliard d'habitants en 2013.
C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.
Entre 1949, date de l'arrivée au pouvoir du Parti communiste et 1979, date de l'ouverture, la population chinoise a pratiquement doublé, passant de 500 millions à un milliard d'habitants pour atteindre 1,3 milliard d'habitants en 2013.
Selon Jean-Luc Domenach, la Chine est sortie du totalitarisme pour entrer dans une « autocratie développementale ».
Une des pages les plus tragiques de l'histoire moderne de la Chine, sur laquelle le gouvernement chinois continue de rester muet...
Extrait de Stèles, la Grande Famine en Chine (1955-1961), de Yang Jisheng, Seuil, 2008, p.23
"36 millions de morts de faim [en Chine entre 1955 et 1962, chiffre établi selon diverses sources], qu'est-ce que cela représente ? Cela équivaut à 450 fois le nombre de morts le 9 août 1945 sous la bombe atomique de Nagasaki. Cela représente 150 fois le nombre de victimes du tremblement de terre de Tangshan le 28 juillet 1976. Cela dépasse le nombre de morts de la Première Guerre mondiale qui n'a fait "que" 10 millions de morts entre 1914 et 1918, soit en moyenne moins de deux millions de morts par an.
Selon le dernier rapport publié par le département des affaires économiques et sociales des Nations unies, intitulé Perspectives de la population mondiale, révision de 2012 (ce document est actualisé tous les deux ans), en 2100, la Chine ne compterait plus que 1,08 milliard d’habitants (contre 1,38 milliard aujourd’hui); elle serait dépassée par l’Inde, qui amorcerait alors tout juste un recul avec 1,55 milliard d’habitants.
Extrait de Stèles, la grande famine en Chine 1958-1961, de Yang Jisheng, Seuil, 2008, pp. 575-589 (livre non publié en Chine).
" Pourquoi personne n’a dénoncé les mensonges extravagants sur les hauts rendements des satellites ? Pourquoi des dizaines de millions de personnes sont-elles mortes de faim sans être secourues ? Pourquoi la politique qui a conduit à la famine a-t-elle duré trois ans ? Pourquoi les cadres ont-ils pu traiter le peuple avec autant de cruauté ? Pourquoi la majeure partie des victimes de la faim ont été les paysans qui produisaient l’alimentation du pays ?
L’exilée, Vent d’est Vent d’ouest… je termine la lecture de ces deux livres de Pearl Buck, cette romancière américaine arrivée en Chine à l’âge de trois mois avec ses parents missionnaires (elle quitta la Chine en 1927) et qui devint Prix Nobel de Littérature en 1938. Lectures de jeunesse, oubliées, lectures revisitées...
Selon Le Monde du 4 septembre 2013, le chinois gagne du terrain en France.
35 500 collégiens et lycéens et 4 500 écoliers débuteront ou reprendront les cours de chinois à la rentrée 2013, soit 10 % de plus qu'en 2012 et 400 % de plus qu'il y a dix ans. Orientation et avenir professionnel expliquent en partie ce choix. Dans l'enseignement supérieur aussi, la langue la plus parlée de la planète gagne du terrain :18 000 jeunes Français ont choisi de l'étudier dans 150 instituts, grandes écoles et universités. La Chine est devenue la première destination des expatriés devant les Etats-Unis et la Grande-Bretagne alors qu'elle occupait la sixième position il y a seulement quinze ans.
D'après le Monde du 12 septembre 2012, avec deux millions d'étudiants de plus par an, la Chine doit créer deux universités de 20 000 étudiants par semaine. La Chine compte autant d'étudiants que le Canada d'habitants, soit 34 millions. 9% des publications scientifiques dans le monde sont chinoises, arrivant ainsi au deuxième rang derrière les Etats-Unis. En 2012, 42 universités chinoises apparaissaient dans le classement de Shangaï (150 pour les Etats-unis et 38 pour le Royaume-Uni). Alors que 13% des jeunes Chinois en âge d'être étudiants étaient inscrits à l'université en 2002, ils étaient 26 % en 2010 selon l'Unesco. Le gouvernement dépenses 13% de son budget dans l'éducation dont 21% pour les études supérieures. Selon l'OCDE, en 2020, la Chine comptera 58,2 millions de diplômés, soit 28,5 % du total des diplômés dans le monde, et occupera ainsi la première place, devant l'Inde et les Etats-Unis.
D'après le Magazine du Monde du 7 septembre 2013, à l'heure du numérique, la jeune génération ne sait plus écrire les caractères chinois. Pour sauver ces piliers de la culture, deux émissions de télé remettent la dictée au goût du jour.
Extrait de Dans 30 ans la Chine, Robert Guillain, Seuil, 1965, pp.102-114.
« Il me faut remonter jusqu’à 1937 pour trouver dans mes souvenirs une ville de Shanghaï bien administrée et d’aspect prospère, qui était plus belle même que celle d’aujourd’hui, à certains points de vue, par exemple par la folle animation de ses boutiques aux mille enseignes, ou par la circulation de ses belles autos étrangères.
...Les Chinois aiment les voitures, les châteaux et les traditions. Et comme en 2020, un touriste sur quatre sera Chinois, il n'y a pas de temps à perdre pour leur préparer des tours adaptés à leurs goûts. C'est ce que font les responsables sarthois du tourisme qui comprennent l'importance de monter une gamme de produits touristiques haut de gamme en direction d'une clientèle chinoise à la recherche d'authenticité et de valeurs patrimoniales. Une formule de base, à 556 euros par personne sera proposée pour une journée en Sarthe avec visite du Circuit des 24 heures du Mans et une nuit dans un château. Une autre formule, à 3 600 euros, va plus loin : trois nuits dans trois châteaux différents (Conflans-sur-Anille, Le Lude et Saint-Paterne) une visite du circuit et de son musée et des tours de piste sur le Bugatti , une visite personnalisée de la Cité Plantagenêt et un détour dans le vignoble de la vallée du Loir. D'autres formules sont à l'étude avec des tours opérateurs chinois venus en juin au Mans. L'étape en Sarthe pourra aussi s'intégrer dans des circuits plus larges englobant les châteaux de la Loire et le Mont Saint-Michel. Sylvie B. 3 septembre 2013
« Après l’enterrement définitif du projet de substituer le pinyin aux caractères, les critiques dirigées contre ces derniers, qui avaient déjà perdu de leur virulence après 1949 mais qui, avant la Révolution culturelle, continuaient à résonner comme l’écho d’un passé tenace, ont cessé de se faire entendre. Au lieu d’attribuer les maux de la Chine à sa langue et à son écriture, les commentateurs leur ont découvert toutes sortes de mérites. À l’heure actuelle il ne s’agit plus de chercher les défauts de l’héritage culturel et linguistique pour leur trouver un remède mais de reconstruire une puissance à la hauteur de son passé glorieux. Évidemment, la vision que l’on se forme de la langue se doit de s’adapter à la nouvelle aspiration nationale.
Extrait de : La pensée en Chine aujourd’hui sous la direction d’Anne Cheng – « Identité de la langue, identité de la Chine, contribution de Chu Xiaoquan », p. 295, Paris, Editions Gallimard, coll. Folio essais, 2007.
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« L’année 1949, qui vit la fondation de la République populaire de Chine, marqua un tournant décisif dans tous les domaines de la vie chinoise, politique linguistique incluse. […] Cependant, une latinisation directe et complète de l’écriture n’étant pas immédiatement réalisable dans la pratique, les réformateurs se rabattirent sur trois projets jugés plus réalistes : la promulgation du pinyin (système de transcription phonétique), la simplification des caractères chinois et l’imposition du putong hua (« langue commune ») comme parler officiel de toute la Chine. Selon l’explication des concepteurs, le pinyin, au fur et à mesure de son usage généralisé, deviendrait plus sophistiqué et un jour remplacerait les caractères comme une véritable écriture. La simplification des caractères serait ni plus ni moins le premier pas vers leur disparition finale. Quant au putong hua, son utilité était double. D’abord, c’était un outil politique indispensable dans l’unification de ce vaste pays – on lui attribuait le rôle que Qin shi Huangdi, le premier empereur, avait assigné à l’uniformisation de l’écriture. En même temps, le putong hua devait évidemment constituer une condition sine qua non pour la réussite éventuelle du pinyin. »
Extrait de : La pensée en Chine aujourd’hui sous la direction d’Anne Cheng – « Identité de la langue, identité de la Chine, contribution de Chu Xiaoquan », p. 292, Paris, Editions Gallimard, coll. Folio essais, 2007.
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« Dans les années 1930, Qu Qiubai, le numéro un du parti communiste chinois et bientôt martyre révolutionnaire, devait trouver du temps en pleine guerre civile pour rédiger et publier une série d’articles sur la langue chinoise […] :
“L’état de sous-développement dans lequel se trouve la langue chinoise tient d’une économie sous-développée : parce que tous les rapports sociaux sont relativement simples, voire primitifs, les Chinois ne disposent pas de notions précises sur les choses, les événements et le temps. Notre langue est par conséquent très pauvre […]. La raison pour laquelle la langue chinoise n’arrive pas à délaisser son système d’idéogrammes, semi-idéogrammes ou rébus, est encore le retardement de son développement économique […]. Il est donc absolument nécessaire d’adopter un système phonétique, de lancer la révolution la plus radicale des lettres, à savoir l’abolition complète des caractères chinois. C’est seulement de cette manière que la langue pourra s’affranchir du carcan des caractères et avancer vers le futur en devenant plus riche, ce qui nous permettra de répondre aux besoins d’une vie sociale moderne dans les activités littéraires et scientifiques “».
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« Le mécontentement exprimé par les intellectuels envers le chinois à la fin du XIXe siècle sensibilisa le public aux insuffisances supposées ou réelles de la langue et créa par la suite dans l’opinion publique une inclination au changement qui devait être largement exploitée par les révolutionnaires de tous bords, ce qui entraina un phénomène curieux : ce sont surtout les politiques, plutôt que les linguistes professionnels, qui se chargèrent de l’élaboration et de la mise en œuvre des projets de réforme de la langue chinoise ».
Extrait de : La pensée en Chine aujourd’hui sous la direction d’Anne Cheng – « Identité de la langue, identité de la Chine, contribution de Chu Xiaoquan », p.287, Paris, Editions Gallimard, coll. Folio essais, 2007.
-M.Zhou-Youguang-a-eu-110-ans-en-2016!.
Le pinyin, un système alphabétique de transcription des caractères chinois, a été inventé entre 1955 et 1958 par Zhou Youguang et son équipe. Economiste de profession et anglophone, mais-linguiste-de-formation,il a fait partie de ces Chinois de l’étranger rentrés au pays pour construire la « nouvelle Chine ». Il est devenu linguiste par passion. C’est Zhou Enlai, le Premier ministre de Mao qui lui a confié cette délicate mission dans le cadre de la vaste réforme du chinois que préparait le pouvoir communiste. Zhou Youguang en rêvait depuis les années 1920 mais selon ses dires, l’idée était beaucoup plus ancienne puisque le jésuite Mateo Ricci, arrivé en Chine en 1582, en avait déjà eu le projet !
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