Pour trouver le Petit livre rouge, ou plus exactement les "Citations du président Mao Zedong", (Mao Zhuning yulu en chinois), rendez vous directement dans le quartier des antiquaires de n'importe quelle ville chinoise. A Chengdu, capitale de la province du Sichuan, vous pouvez vous en procurer un, authentique, usé, écorné pour une centaine de yuans (13 euros environ) avec le nom biffé en rouge de son initiateur, Lin Biao. C'est cet ancien ministre de la Défense et chef de l'Armée de libération qui a eu le premier l'idée, en 1964, de diffuser auprès des membres de l'armée rouge des extraits de discours ou d'écrits du Grand Timonier pour se faire bien voir. Mais le parti communiste chinois décida dès 1966, avec le lancement de la révolution culturelle dont le livre est un symbole, de le diffuser à toute la population. On estime qu'il fut imprimé à 900 millions d'exemplaires, ce qui en fait le livre le plus lu au monde avec la Bible. Du temps de Mao, tout citoyen chinois devait en posséder un, le lire et l'avoir toujours sur lui. Des séances d'étude de la "pensée Mao Zedong" furent organisées dans toutes les écoles, tous les collèges, lycées et lieux de travail, séances auxquelles il était obligatoire de participer. Après que Lin Biao eut tenté sans succès d'assassiner Mao en septembre 1971, le parti souhaita effacer toute trace de son existence et demanda aux Chinois de rayer son nom et sa photo en présence de Mao dans les pages de garde du livre (voir photo). Après l'arrivée au pouvoir en 1978 de Deng Xiaoping, le petit livre rouge disparut assez vite de la circulation pour devenir aujourd'hui le symbole d'une période révolue. Mais à Chengdu, comme ailleurs en Chine, on continue de vénérer le grand homme. La statue de Mao en marbre blanc domine la place Tianfu (photo), au centre ville, alors que Deng Xiaoping, originaire du Sichuan, et père de la politique d'ouverture encore en vigueur, n'en a pas...
...