Certains parlent du Massacre de 1989 comme d’un événement qui appartiendrait au passé. Certes, le pouvoir chinois a tout fait pour qu’il soit effectivement rangé dans les oubliettes de la bureaucratie communiste, mais, en fait, l’actualité du 4 juin se rappelle constamment à nous. Le 2 mai dernier, par exemple, nous apprenions que le prisonnier Miao Deshun serait bientôt libéré de prison. Condamné à vie en 1990 pour sa participation aux manifestations du printemps démocratique de la place Tiananmen, sa peine vient d’être commuée et il devrait être libéré le 15 octobre prochain. L’on apprend ainsi, au hasard des petites nouvelles qui s’échappent de Chine, qu’un prisonnier, que l’on croit à chaque fois être le dernier prisonnier de cette époque va être libéré… jusqu’à ce que l’on apprenne le nom d’un nouveau malheureux qui sera peut-être libéré dans deux, trois ans, et dont on ne connaissait même pas l’identité aujourd’hui.
Selon Le Monde du 6 septembre 2021, le virage à gauche de Xi Jinping révèle la crainte d’une occidentalisation de la Chine. Au nom de la lutte contre « l’expansion désordonnée du capital », de nouvelles réglementations viennent sanctionner les entreprises chinoises du secteur privé. Parmi elles, les géants de la technologie.
Source : Le Monde.fr, le 7/9/2021 . Article de Frédéric Lemaître, correspondant à Pékin
Analyse. Lourdes sanctions imposées aux fleurons de la technologie, désormais placés sous étroite surveillance, obligation faite aux entreprises du secteur du soutien scolaire de revoir de fond en comble leur modèle économique et de se muer en associations à but non lucratif, mise au pas de l’industrie du showbiz et interdiction aux moins de 18 ans de jouer plus de trois heures par semaine aux jeux vidéo en ligne…
Les lampions de la fête organisée le 1er juillet à l’occasion du centenaire du Parti communiste chinois étaient à peine éteints qu’un nombre incalculable de nouvelles réglementations s’est abattu sur les entreprises chinoises. Pas sur toutes : sur celles du secteur privé qui, d’une façon ou d’une autre, incarnent l’avenir. Soit parce qu’elles sont liées à Internet, soit parce qu’elles s’adressent aux jeunes. Mot d’ordre invoqué : la lutte contre « l’expansion désordonnée du capital ». Il y a de bonnes raisons à cela.