« L’année 1949, qui vit la fondation de la République populaire de Chine, marqua un tournant décisif dans tous les domaines de la vie chinoise, politique linguistique incluse. […] Cependant, une latinisation directe et complète de l’écriture n’étant pas immédiatement réalisable dans la pratique, les réformateurs se rabattirent sur trois projets jugés plus réalistes : la promulgation du pinyin (système de transcription phonétique), la simplification des caractères chinois et l’imposition du putong hua (« langue commune ») comme parler officiel de toute la Chine. Selon l’explication des concepteurs, le pinyin, au fur et à mesure de son usage généralisé, deviendrait plus sophistiqué et un jour remplacerait les caractères comme une véritable écriture. La simplification des caractères serait ni plus ni moins le premier pas vers leur disparition finale. Quant au putong hua, son utilité était double. D’abord, c’était un outil politique indispensable dans l’unification de ce vaste pays – on lui attribuait le rôle que Qin shi Huangdi, le premier empereur, avait assigné à l’uniformisation de l’écriture. En même temps, le putong hua devait évidemment constituer une condition sine qua non pour la réussite éventuelle du pinyin. »
Extrait de : La pensée en Chine aujourd’hui sous la direction d’Anne Cheng – « Identité de la langue, identité de la Chine, contribution de Chu Xiaoquan », p. 292, Paris, Editions Gallimard, coll. Folio essais, 2007.
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