C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.
Extrait de "La souplesse du dragon" de Cyrille Javary (Albin Michel, 2014) p.193
Les sentences parallèle (dui lian ou chunlian en chinois), sont des formules de bon augure, traditionnellement écrites à l'encre jaune d'or sur des bandes de papier rouge qui sont collées de part et d'autre de la porte d'entrée au moment de la Fête du Printemps, signes extérieurs de renouveau. Elles y resteront toute l'année, petit à petit délavées par le vent et la pluie, avant d'être finalement remplacées au printemps suivant. Les gens qui ont une belle écriture en réalisent plusieurs, pour la famille et les amis, et ils peuvent aussi les vendre. C'est une tradition tellement ancrée que même aux pires moments de la collectivisation maoïste, alors que tout commerce d'une production privée était prohibée, la vente des sentences parallèles n'était pas interdite. Leur particularité tient au fait qu'elles proposent deux lectures simultanés : l'une verticale, diachronique, chaque sentence formant une phrase complète, l'autre horizontale, synchronique, couplant dialectiquement les mots d'une sentence avec ceux de l'autre située au même niveau (...) Ce genre de construction à double lecture n'est pas un simple jeu de l'esprit mais un élément constitutif de la poésie classique.