C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.
Dans l'un des seuls pays du monde où la plateforme de films et de séries en ligne Netflix n'est pas disponible, Au nom du peuple est un équivalent chinois de la série américaine House of Cards. La mini-série Renmin de Mingyi (en chinois), produite à la demande du Parti communiste chinois, sera diffusée à la fin de l'année dans le pays le plus peuplé du monde, selon le journal britannique The Guardian, repris par Le Point.fr dans son édition du 27 avril. Objectif pour Pékin: promouvoir la lutte contre la corruption engagée par le président Xi Jinping.
Extrait de l'article du Point (version électronique) daté du 27 avril 2016 :
Lors de sa prise de fonction en 2013, le président Xi Jinping avait annoncé faire de la lutte anti-corruption une priorité : « Si nous laissons ce problème se propager comme de la mauvaise herbe, les conséquences seront désastreuses », avait-il averti, avant de citer un proverbe chinois : « Si tu restes dans un marché aux poissons trop longtemps, tu t'habitueras à la puanteur. »
Pour que ses administrés ne s'habituent plus à cette puanteur, le pouvoir chinois a investi 120 millions de yuans (environ 16 millions d'euros) pour financer la mini-série de 42 épisodes. Si les fictions évoquant des cas de corruption existent en Chine depuis une vingtaine d'années, celle-ci brise un tabou. C'est la première fois qu'un haut dignitaire du parti unique y apparaît comme un fonctionnaire corrompu. Jusqu'ici, les scénarios ne racontaient que l'histoire de petits bureaucrates du bas de l'échelle hiérarchique pour symboliser la corruption dans les films et séries de l'empire du Milieu. Le scénario d'Au nom du peuple se déroule dans la province fictive de Bianxi. Hou Liangping (interprété par la star de la télévision chinoise Lu Yi) est un jeune enquêteur du gouvernement appelé dans la région pour résoudre un crime. Il y est rejoint par sa femme, agent secret s'intéressant aux affaires du gouverneur de la région. Tous deux, ils vont découvrir un système de corruption dirigé par un homme appelé « big boss » qui terrorise toute la province. Un parfait équivalent chinois de Frank Underwood, le politicien machiavélique de House of Cards. Les Chinois n'ayant pas accès à la célèbre série américaine, ils devraient plutôt faire le lien avec Bo Xilai devenu ces dernières années le symbole de la cabale de Pékin contre la corruption. Chef du Parti communiste chinois dans la ville de Chongqing, métropole de 33 millions d'habitants, ce haut fonctionnaire a été condamné en 2013 à la prison à vie pour corruption et détournement de fonds. Une condamnation qui comporte également une dimension politique. Xi Jinping et son administration craignaient la popularité croissante de cette étoile montante du parti. Interviewé par le journal chinois Beijing Youth Daily, le réalisateur de la série, Fan Ziwen, affirme que ce projet a été accepté par les fonctionnaires chinois, car il permet de « mettre en lumière les efforts faits pour éradiquer la corruption, et non de montrer simplement comment le système est devenu pourri ». Le quotidien livre également la conclusion de la série : celle-ci se termine sur le procès de trois hauts fonctionnaires pour corruption. Un « happy end » qui devrait ravir le gouvernement chinois.