C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.
Photos prises à l'intérieur de la Grande Mosquée et dans les rues de Xian (province du Shaanxi).
L'islam en Chine remonte à la conquête arabo-musulmane. Selon la légende, l'Empereur Taizong (627-649) des Tang fit un rêve prémonitoire. C'est dès le VIIIe siècle, précisément entre 705 et 715 que les Arabes lancèrent, à partir du Khorassan, des expéditions en Transoxiane et obtinrent des princes locaux. Ils se heurtèrent aux Turuks, affranchis de la tutelle chinoise en 681, et qui avaient reconstitué leur empire.
Les Arabes s'ouvrirent les routes de l'Asie centrale en 751 lorsqu'associés aux Karlouks (d'autres Turcs), ils battirent les Chinois à Talas. Les Karlouks héritèrent alors du domaine des Turuks occidentaux, tandis que les Turuks orientaux durent, en 744, céder le pouvoir à d'autres Turcs, les Ouighours. Bientôt éliminés d'Asie centrale, les Chinois n'y reviendront qu'à la fin du XVIIe siècle.
Des marchands musulmans, arabes ou persans empruntèrent alors la célèbre Route de la Soie et s'implantèrent en Chine, notamment dans l'ancienne capitale de Chang'an, l'actuelle Xian, dans la province du Shaanxi. La Grande Mosquée de Xian (photos), édifice aujourd'hui superbement restauré et entretenu, ouvert au public, a l'architecture d'un temple chinois. Elle a été fondée en 742, sous la dynastie Tang et remaniée à plusieurs reprises sous les dynasties Song, Yuan, Ming et Qing.
D'autre part, le VIIIe siècle fut marqué par le grand essor du commerce arabe à travers l'océan Indien. Vers 800, des marchands musulmans sont signalés à Canton et à Quanzhou sur la côte ou à Yangzhou sur le Grand Canal. Ils furent à l'origine des premières communautés musulmanes.
La dynastie mongole des Yuan (1206-1368) fit appel à de nombreux artisans, fonctionnaires et soldats étrangers, notamment des musulmans qui bénéficièrent d'un statut privilégié.
A la même époque, le Yunnan devint une province chinoise et eut un gouverneur musulman qui attira de nombreux musulmans.
En 1759, sous le règne de l'Empereur Qianlong de la dynastie Qing, la Kahgarie (l'actuel Xinjiang), pays musulman d'Asie centrale, fut conquise.
Un siècle plus tard, des révoltes musulmanes éclatèrent dans différentes régions de l'Empire du Milieu : au Yunnan, au Gansu, au Shaanxi, et au Turkestan (l'actuel Xinjiang). Ces révoltes et la répression qui s'ensuivit firent des millions de victimes.
Pendant la Révolution culturelle, tous comme les temples, les mosquées furent fermées. Sous Deng Xiaoping, l'homme de l'"ouverture" de la Chine, l'Islam est devenu l'une des cinq religions officiellement autorisées, aux côtés du taoïsme, du bouddhisme, du christianisme et de nouvelles mosquées ont été construites. Aujourd'hui, la Chine compte entre 30 et 50 millions de musulmans. Ils sont Hui (Hans musulmans), Ouighours, Kasaks ou Tadjiks. Deux mille Huis et Ouighours iraient à La Mecque chaque année. En 2014, des musulmans chinois radicalisés d'origine Ouighour auraient rejoint les rangs de l'organisation Etat islamique en Syrie et en Irak.