C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.
Ces magnifiques rizières en terrasses de Yuanyang, fruit du travail de générations de paysans, qui conserveront-elles suffisamment de main-d'oeuvre pour pouvoir se perpétuer ou feront-elles les frais de l'essor urbain et de l'exode rural à l'oeuvre dans les endroits reculés du Yunnan ?
Les rizieres en terrasses des Hani du Yunnan (préfecture de Honghe, à proximité du Vietnam) sont parmi les plus hautes et les plus vastes d'Asie. Elles s'étendent sur les contreforts de la vallée du Fleuve rouge qui se déverse, quelques centaines de kilomètres plus loin, dans la baie d'Along, dans l'ancien Tonkin. De bas en haut, elles s'étagent sur près de 1300 m de dénivelé et peuvent compter jusqu'à 3000 strates. Le lever du soleil et son coucher sont les moments privilégiés des amateurs de photos. En raison de la température, l'évaporation est très importante, d'où les brumes très fréquentes. Isolés dans leurs montagnes, les Hani ont conservé leurs habitudes et leurs croyances, à l'écart des autres grandes religions de la Chine (bouddhisme, taoïsme, confucianisme). Ils vénerent l'arbre sacré et les esprits du riz, de la montagne et de l'eau pour qu'ils leur apportent protection et sécurité. En 2000, le gouvernement a entamé auprès de l'Unesco la procédure de classement au patrimoine mondial. Il est temps ! La déprise agricole est évidente. De nombreuses rizières sont déjà abandonnées, les hommes préférant partir chercher du travail dans les villes côtières plutôt que de continuer ce travail harassant. Les spectaculaires terrasses qui font le bonheur des très nombreux touristes chinois venant de toutes les provinces du pays les admirer ont nécessité le labeur de pas moins de trois générations. Désormais, avec l'élévation du niveau de vie des gens des villes et le développement du tourisme, elles vont permettre à leurs créateurs de vivre en partie des revenus generes par l´afflux des voyageurs. Même les jeunes enfants, fait rarissime en Chine semble-t-il, sont mis à contribution par leurs parents pour vendre cartes postales ou broderies. Le chauffeur qui nous conduit au village de Pugao Loazhai (750 habitants) nous apprend que les autorités locales emploient déjà de la main-d'œuvre salariée pour entretenir les rizieres ...