C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.
Q
C'était un dimanche ordinaire ce 13 mars à Kunming, capitale de la province chinoise du Yunnan. Agglutinés dans les squares, les "anciens", tassés sur leurs petites chaises pliables - les femmes portant chapeaux de couleur aux volants généreux, les hommes arborant casquettes enfoncées jusqu'aux oreilles - étaient réunis là, comme chaque dimanche, pour profiter de la douceur du jour, mais surtout pour écouter leurs orchestres favoris. Les joueurs de erhu (二胡), ce petit violon à deux cordes frottées, accompagnaient des duos homme-femme se donnant la répartie dans un dialogue chanté aux tons suraigus, amplifiés par des sonos portatives dont les Chinois font un usage peut-être immodéré. L'heure était au repos, à la joie de se retrouver pour faire vivre ces airs anciens de la Chine d'hier, ces airs qui peut-être leur rappelaient "les jours, les mois, les années", pour citer Yan Lianke, où il avait fallu survivre dans des conditions épouvantables...