C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.
Ce soir là, il a cessé de pleuvoir et la chaleur du jour commence à s'estomper. La nuit tombée, nous embarquons à six sur un petit bateau à moteur pour suivre un pêcheur possédant sept cormorans. Une lampe électrique, et non plus comme autrefois une torche, éclaire l'avant de son embarcation constituée de quatre très longs bambous attachés les uns aux autres et faisant pas moins de quinze centimètres de diamètre. L'homme est silencieux. Il connaît bien ses oiseaux dont il prend le plus grand soin. Les cormorans vont et viennent à l'avant du bateau, plongeant sans cesse à l'affût du moindre poisson passant dans les parages. Une cordelette resserrée autour de son cou empêche le cormoran d'avaler les poissons de bonne taille mais pas les petits. Libres de leurs mouvements, les oiseaux ne cherchent pas à fuir. Mais ce soir là, en raison des abondantes pluies des jours précédents, les eaux troubles de la rivière Li ne permettent pas aux oiseaux de se remplir le gosier. Et la pêche n'a rien de miraculeux...
Pêche traditionnelle par excellence dans le sud de la Chine (région de Guilin, province du Guangxi) et le sud-ouest (lac Erhai, près de Dali, au Yunnan), la pêche au cormoran se pratique toujours sous l'effet probable de l'essor de l'activité touristique. Au Japon, bien que pratiquée depuis 1300 ans, elle a cessé d'exister.