C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.
(Texte rédigé sur la base de l'ouvrage de référence d'Anne Cheng, Histoire de la pensée chinoise, Seuil, 1997)
1. STATURE – La stature exceptionnelle de Confucius (551-479) av. J.-C.) tient à ce qu'il a façonné l'homme chinois pour plus de deux millénaires mais plus encore, à ce qu'il a pour la première fois proposé une conception éthique de l'homme dans son intégralité et son universalité.
2. NOM – Confucius est la latinisation opérée par les jésuites missionnaires de Chine à partir du XVIe siècle de l'appellation chinoise Kongfuzi (Maître Kong).
3. LES ENTRETIENS – C'est le titre du seul livre où Confucius s'exprime directement, cité par ses disciples.
4. LETTRES – De par ses origines sociales, Confucius est représentatif d'une catégorie montante, intermédiaire entre noblesse guerrière et peuple paysan et artisan, celle des "shi", qui par leurs compétences dans divers domaines et plus particulièrement celui de la culture, finiront par former la fameuse catégorie des lettrés-fonctionnaires de la Chine impériale.
5. PARIER SUR L'HOMME — Confucius parie sur l'homme. Il a la conviction intime que la nature humaine est éminemment perfectible. Pour la première fois dans une culture aristocratique fortement structurée en castes et en clans, l'esprit humain est pris dans son entier. Apprendre pour devenir "un homme de bien", apprendre, pour Confucius, c'est "apprendre à faire de soi un être humain" , c'est développer le sens de l'humain ("ren"), c'est-à-dire le souci qu'ont les hommes les uns pour les autres du fait qu'ils vivent ensemble. Loin de faire référence à une source divine comme chez les Chrétiens, l'amour dont parle Confucius est tout ce qu'il y a de plus humain.
6. BIENVEILLANCE – Le "ren" est au départ un sentiment de bienveillance et de confiance tel qu'il existe entre les membres d'une même famille et qui peut se propager de proche en proche si la communauté est élargie à l'échelle d'un pays, voire de l'humanité entière ("Entre les Quatre Mers, tous les hommes sont frères").
7. RITES – Pour Confucius, être humain, c'est être d'emblée en relation avec autrui, relation qui est perçue comme étant de nature rituelle, tout en étant sincère.
8. ÉLÉVATION – Pour Confucius, l'homme a une mission sacrée : celle d'affirmer et d'élever toujours plus haut sa propre humanité. Cette mission prime sur tous les autres devoirs sacrés, y compris ceux qui s'adressent aux puissances du divin ou de l'au-delà.
9. PIÉTÉ FILIALE – La piété filiale fonde la relation politique entre prince et sujet: de même que le fils répond à la bonté de son père par sa piété, le sujet ou le ministre répond à la bienveillance de son prince par sa loyauté. Ces deux relations fondatrices s'enrichissent d'une multiplicité d'autres types de relations, qu'elles soient familiales (frère aîné/frère cadet, mari/femme) ou sociales (entre amis). L'harmonie de ces cinq relations considérées comme fondamentales par les confucéens est garantie par la relation de confiance ("xin").
10. CULTURE – Confucius est lié aux six principaux textes classiques chinois (Documents, Odes, Rites, Musique, Mutations, Printemps et Automnes) qu'il a modifiés, réaménagés ou expurgés, textes fondateurs de la culture chinoise qu'il considérait avoir la mission de transmettre, fût-ce au péril de sa vie.