Alors que la Coupe de monde de football 2014 se termine sans que la Chine se soit distinguée d'une quelconque façon, c'est pourtant dans l'Empire du Milieu que ce sport est né ! Surprenant.
Cette peinture montre l'empereur Taizu des Song (960-1127) jouant au football. Ce jeu, qui s'appelait cuju en chinois, était déjà très populaire à l'époque des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.). Les ballons étaient couverts de cuir et rembourrés de cheveux. Le premier ballon gonflable est apparu vers la fin des Tang (618-907). Il était fait avec une vessie d'animal entourée d'une enveloppe de cuir. Sous les Song (960-1127), l'enveloppe était opposée de 8 à 12 morceaux de cuir.
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Contrairement à l'Europe ancienne, celle des Grecs et des Romains, la Chine, depuis les temps les plus reculés, a toujours accordé la plus haute importance à l'éducation et à la formation intellectuelle de son élite. Un système de concours et donc de préparation aux concours fut mis en place dés -1200 avant J.C. par le pouvoir impérial, servant à l'admission aux charges gouvernementales. L'étude d'un certain nombre d´auteurs classiques dont Confucius et Mencius, servait de base à l'éducation intellectuelle et morale des fonctionnaires-lettrés, les fameux mandarins. En règle générale les hautes fonctions de l'Empire n'étaient donc ni héréditaires ni monnayables ni ne s'octroyaient par faveur sauf aux périodes décadentes de l'histoire de la Chine. Les mandarins étaient reconnaissables à leur tenue vestimentaire (plastron, bouton sur leur coiffe indiquant leur grade...). Mais la formation trop littéraire des lettrés sembla inadaptée au début du XXe siècle face au déclin de la Chine et à la supériorité technique et scientifique des puissances occidentaleś. Le système des examens impériaux fut aboli au début des années 1910 et l'on commença à envoyer des étudiants étudier en Europe et aux États-Unis. À Nanjing, il existe un musée des examens impériaux.
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Au XIXe siècle, Nanjing devint la capitale des Taipings qui réussirent à s'emparer de la majeure partie de la Chine méridionale. La révolte des Taipings (1851-1864), inspirée par la foi chrétienne était farouchement anti-Mandchous. Son leader, Hong Xiuquan, fonda le Taiping Tianguo (royaume céleste de la Grande Paix). Il interdit l'opium, la mixité et tenta une redistribution de la propriété privée. En 1864 les forces de l'armée Qing, des soldats britanniques et des mercenaires américains et européens encerclèrent Nanjing, la capitale des Taipings. Après un siège de sept mois, elles prirent la ville et massacrèrent les défenseurs Taiping. Près de vingt millions de Chinois moururent au cours de cette guerre civile. Dans son livre "Les tribulations d'un Chinois en Chine" (une très bonne lecture !), Jules Verne met en scène le personnage d'un ancie Taiping.
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Si les étrangers viennent guère à Nanjing (Nankin), les visiteurs chinois sont nombreux à se rendre dans cette ancienne capitale de la Chine, située dans la province du Jiangsu. Elle fut la capitale de l'Empire du milieu sous la dynastie Ming (1368-1644) puis de la République de Chine. C'est aussi là que fut signé le premier des "traités inégaux" ouvrant plusieurs ports chinois au commerce étranger et contraignant la Chine à payer une énorme indemnité de guerre et cédant Hong-Kong aux Britanniques. Nanjing fut aussi la capitale des Taipings. Mais pour les Chinois d'aujourd'hui c'est surtout la ville martyrisée par les Japonais en décembre 1937. Ils y massacrèrent 300 000 personnes. Le mémorial du massacre de Nankin (photos) attire des foules considérables de Chinois,signe que les plaies sont mal refermées, d'autant que le Japon n'a pas présenté les excuses que la Chine attend.
...Yangzhou accueille actuellement une remarquable exposition de thangkas , peintures traditionnelles tibétaines , représentations de diagrammes mystiques montrant les multiples divinités du bouddhisme. Ces tableaux, qui peuvent être roulés, servent de support à la méditation. Ceux présentés dans cette exposition ont demandé entre sept mois et trois ans de travail aux artistes qui les ont realisés. Les peintres utilisent des pigments issus de pierres broyées et d'or. Toutes ces œuvres exigent une minutie extrême comme le montrent ces photos qui, pour la plupart, sont des détails d'oeuvres beaucoup plus grandes.
Canton abrite un musée fort intéressant consacré à la Révolution de 1911 qui mit fin au pouvoir impérial de la dynastie mandchoue des Qing. Bâti à l'occasion du centième anniversaire de cet événement majeur dans l'histoire de la Chine, il met en lumière toutes les forces politiques et sociales, tous les acteurs qui y prirent part et en particulier le révolutionnaire cantonais Sun Yat-sen (1866-1925).
...Extrait de : préface de Olivier Cosson, Les Derniers Jours de Pékin, de Pierre Loti, Petite Bibliothèque Payot, 2014
...Ce soir là, il a cessé de pleuvoir et la chaleur du jour commence à s'estomper. La nuit tombée, nous embarquons à six sur un petit bateau à moteur pour suivre un pêcheur possédant sept cormorans. Une lampe électrique, et non plus comme autrefois une torche, éclaire l'avant de son embarcation constituée de quatre très longs bambous attachés les uns aux autres et faisant pas moins de quinze centimètres de diamètre. L'homme est silencieux. Il connaît bien ses oiseaux dont il prend le plus grand soin. Les cormorans vont et viennent à l'avant du bateau, plongeant sans cesse à l'affût du moindre poisson passant dans les parages. Une cordelette resserrée autour de son cou empêche le cormoran d'avaler les poissons de bonne taille mais pas les petits. Libres de leurs mouvements, les oiseaux ne cherchent pas à fuir. Mais ce soir là, en raison des abondantes pluies des jours précédents, les eaux troubles de la rivière Li ne permettent pas aux oiseaux de se remplir le gosier. Et la pêche n'a rien de miraculeux...
Pêche traditionnelle par excellence dans le sud de la Chine (région de Guilin, province du Guangxi) et le sud-ouest (lac Erhai, près de Dali, au Yunnan), la pêche au cormoran se pratique toujours sous l'effet probable de l'essor de l'activité touristique. Au Japon, bien que pratiquée depuis 1300 ans, elle a cessé d'exister.
...La peinture à l'encre et à l'eau, shui mo hua en chinois, est une technique picturale traditionnelle qui remonte en Chine au VIe siècle, qu'on appelle "lavis" en Europe. On utilise de l'encre de Chine qui est diluée pour obtenir différentes intensités de couleur. Cette technique a été très utilisée sous la dynastie Song (960-1127) pour la peinture de paysages. En Chine, le trait jeté sur la feuille est le signe du souffle de la vie. Il est tracé avec vigueur et ne peut revenir en arriere, suivant un flux naturel. Dans la représentation d'arbres en fleurs, très courante en Chine, l'encre peut être soufflée (exemple: voir photo de la peinture réalisée par moi même). La spontanéité est donc omniprésente dans ce type de peinture qui repose sur une grande maîtrise de l'art du trait.
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Il n'y a pas de bidonvilles dans les villes chinoises. Mais il y a des millions de travailleurs chinois migrants qui, parce qu'on leur refuse le permis de résider en ville, ont un accès très limité à l'assurance maladie, à l'éducation et à d'autres services. Ce sont pourtant eux qui souvent construisent les milliers de tours géantes ou les centres commerciaux que l'on voit pousser dans les villes comme des champignons. Cette politique pourrait changer, à en croire le Premier ministre chinois Li Kegiang. Celui-ci a annoncé en mars 2014 devant l'Assemblée populaire consultative que l'urbanisation serait dans les années à venir le moteur de la croissance, croissance qu'il veut maintenir à 7,5 % par an.
En 2013, 53 % des Chinois vivaient en ville. Ce chiffre doit passer à 60 % en 2020 (il était de 27 % en 1989). Pour ce faire, Li Keqiang, le Premier ministre, veut accorder un permis de résidence (appelé hukou en chinois) à 100 millions de travailleurs migrants et les attirer principalement vers les villes du centre et de l'ouest du pays. Un vaste programme de construction d'infrastructures (nouvelles lignes de chemin de fer, autoroutes, etc.) est en cours dans ces régions. Ainsi le gouvernement central espère convaincre les entreprises de s'installer dans l'ouest de la Chine alors que depuis la politique d'ouverture lancée par Deng Xiaoping en 1978, elles se sont installées massivement à l'est, d'ou les écarts de niveaux de vie grandissants. Selon les statistiques gouvernementales, il y aurait encore 200 millions de Chinois vivant en dessous du seuil de pauvreté sur une population de 1,3 milliard d'habitants... L'urbanisation est le moyen pour Pékin de stimuler la demande intérieure, d'encourager le développement régional et de promouvoir les avantages sociaux. Pour la société chinoise, il s'agit là d'une transformation majeure, menée à un rythme effréné, inégalé dans le reste du monde.
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