C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.
Il n'y a pas de bidonvilles dans les villes chinoises. Mais il y a des millions de travailleurs chinois migrants qui, parce qu'on leur refuse le permis de résider en ville, ont un accès très limité à l'assurance maladie, à l'éducation et à d'autres services. Ce sont pourtant eux qui souvent construisent les milliers de tours géantes ou les centres commerciaux que l'on voit pousser dans les villes comme des champignons. Cette politique pourrait changer, à en croire le Premier ministre chinois Li Kegiang. Celui-ci a annoncé en mars 2014 devant l'Assemblée populaire consultative que l'urbanisation serait dans les années à venir le moteur de la croissance, croissance qu'il veut maintenir à 7,5 % par an.
En 2013, 53 % des Chinois vivaient en ville. Ce chiffre doit passer à 60 % en 2020 (il était de 27 % en 1989). Pour ce faire, Li Keqiang, le Premier ministre, veut accorder un permis de résidence (appelé hukou en chinois) à 100 millions de travailleurs migrants et les attirer principalement vers les villes du centre et de l'ouest du pays. Un vaste programme de construction d'infrastructures (nouvelles lignes de chemin de fer, autoroutes, etc.) est en cours dans ces régions. Ainsi le gouvernement central espère convaincre les entreprises de s'installer dans l'ouest de la Chine alors que depuis la politique d'ouverture lancée par Deng Xiaoping en 1978, elles se sont installées massivement à l'est, d'ou les écarts de niveaux de vie grandissants. Selon les statistiques gouvernementales, il y aurait encore 200 millions de Chinois vivant en dessous du seuil de pauvreté sur une population de 1,3 milliard d'habitants... L'urbanisation est le moyen pour Pékin de stimuler la demande intérieure, d'encourager le développement régional et de promouvoir les avantages sociaux. Pour la société chinoise, il s'agit là d'une transformation majeure, menée à un rythme effréné, inégalé dans le reste du monde.