« Dans les années 1930, Qu Qiubai, le numéro un du parti communiste chinois et bientôt martyre révolutionnaire, devait trouver du temps en pleine guerre civile pour rédiger et publier une série d’articles sur la langue chinoise […] :

“L’état de sous-développement dans lequel se trouve la langue chinoise tient d’une économie sous-développée : parce que tous les rapports sociaux sont relativement simples, voire primitifs, les Chinois ne disposent pas de notions précises sur les choses, les événements et le temps. Notre langue est par conséquent très pauvre […]. La raison pour laquelle la langue chinoise n’arrive pas à délaisser son système d’idéogrammes, semi-idéogrammes ou rébus, est encore le retardement de son développement économique […]. Il est donc absolument nécessaire d’adopter un système phonétique, de lancer la révolution la plus radicale des lettres, à savoir l’abolition complète des caractères chinois. C’est seulement de cette manière que la langue pourra s’affranchir du carcan des caractères et avancer vers le futur en devenant plus riche, ce qui nous permettra de répondre aux besoins d’une vie sociale moderne dans les activités littéraires et scientifiques “».

Extrait de : La pensée en Chine aujourd’hui  sous la direction d’Anne Cheng – « Identité de la langue, identité de la Chine, contribution de Chu Xiaoquan »,  p.288, Paris, Editions Gallimard, coll. Folio essais, 2007.