A l'occasion de la réunion de la COP22 à Marrakech, le Monde Economie a publié le 4 novembre 2016 une analyse de Mamadou Lamine Diallo (ancien directeur de cabinet du président de la commission de l’Union africaine), Joël Ruet (économiste et chercheur au CNRS et président du think tank The Bridge Tank) et Wang Yao (secrétaire générale adjointe du comité pour la finance verte en Chine) par laquelle ils prévoient une "alliance objective entre la Chine et l'Afrique" à Marrakech.
Extraits :
Forte de l’internationalisation de ses firmes et de sa monnaie, la Chine déroule une politique de long terme. Depuis le sommet Chine - Afrique de décembre 2015, Pékin a une nouvelle approche : inclure l’Afrique, par le biais des secteurs à haute valeur ajoutée et l’ingénierie financière, dans le dispositif de sa « nouvelle Route de la soie », testée en Asie et en Europe.
Faut-il s’en saisir ou s’en préoccuper ? Au-delà de l’inévitable concurrence à venir entre le Nord et la Chine, l’urgence reste de sécuriser l’accord de Paris. Car, au-delà des satisfecit, celui-ci reste fragile. Il n’a été rendu possible, en 2015, qu’en raison de la bienveillance du groupe africain. Son sherpa, le malien Seyni Nafo, rappelle depuis lors que le continent a des attentes légitimes pour 2016…
Africain, européen, chinois, nous pensons que l’on peut concilier les intérêts du Nord avec ceux du Sud et sécuriser le succès de l’accord de Paris en promouvant l’idée que l’« adaptation » souhaitée par l’Afrique n’est pas un coût, mais une opportunité pour amorcer la transition écologique et soutenir la croissance partout dans le monde.
Pour les gouvernements, c’est l’occasion de proposer par exemple des « packages » de régulations régionales, voire, pourquoi pas, la création d’un comité mondial de la finance verte. La Chine et, avec elle, les actionnaires de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) – dont la plupart des pays de l’OCDE – doivent être ouverts à une avancée souhaitée par les pays du Sud : passer d’une politique contrainte par l’offre du Nord à une structuration par la demande du Sud.