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Kishore Mahbubani, Le jour où la Chine va gagner, La fin de la suprématie américaine, Ed. Saint-Simon, 2021, 317p., 23€.

Voici une lecture tonifiante ! Comme l'écrit dans sa préface Hubert Védrine, l'ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, Kishore Mahbubani parle cash. L'analyse sans concession  que fait cet ancien ambassadeur de Singapour aux Nations Unies de la rivalité sino-américaine est plus qu'éclairante.

Ce fin connaisseur des Etats-Unis et de la Chine décortique les erreurs stratégiques commises l'une vis-à-vis de l'autre par les deux superpuissances, erreurs qui ont conduit à l'extrême inflammabilité actuelle de leurs relations. Le pessimisme argumenté de Mahbubani sur la capacité des Etats-Unis à se remettre en question et à s'adapter à la nouvelle donne mondiale est au coeur de l'intérêt que revêt l'ouvrage pour des lecteurs occidentaux, et en particulier européens, plus habitués à entendre les nombreux griefs reprochés à l'Empire du milieu.

Extraits des pp.147-148 :

Si les Etats-Unis veulent répondre efficacement aux nouveaux défis géopolitiques posés par la Chine, ils doivent accomplir des revirements de grande ampleur, notamment en réduisant leurs dépenses militaires, et se retirant du monde islamique et en renforçant leurs capacités diplomatiques. Les puissants intérêts en jeu aux Etats-Unis les empêcheront malheureusement d'effectuer ces demi-tours raisonnables.[...]

L'Amérique ne court aucun risque de s'effondrer comme l'ancienne Union soviétique. C'est un pays beaucoup plus fort, qui jouit d'un grand peuple, de solides institutions et de nombreux avantages naturels. Si elle ne s'effondrera pas totalement, elle pourrait néanmoins se trouver considérablement diminuée, au point de devenir l'ombre d'elle-même. Tout analyste réaliste peut élaborer un scénario sur la façon donnt cela pourrait se produire. Mais de nombreux Américains sont aveugles à cette éventualité. L'Histoire nous enseigne qu'un échec peut survenir précisément quand ont se montre incapable de penser l'échec. La triste vérité et que, même si de nombreux Américains ont été interpellés par le nouveau défi posé par la Chine, ils ne peuvent franchir l'étape logique suivante et réfléchir à la manière dont leur pays pourrait échouer. La majorité d'entre eux est persuadée qu'il gagnera, quoi qu'il arrive, parce qu'il le mérite. Cette puissante conviction repose sur cinq postulats principaux...