« Après l’enterrement définitif du projet de substituer le pinyin aux caractères, les critiques dirigées contre ces derniers, qui avaient déjà perdu de leur virulence après 1949 mais qui, avant la Révolution culturelle, continuaient à résonner comme l’écho d’un passé tenace, ont cessé de se faire entendre. Au lieu d’attribuer les maux de la Chine à sa langue et à son écriture, les commentateurs leur ont découvert toutes sortes de mérites. À l’heure actuelle il ne s’agit plus de chercher les défauts de l’héritage culturel et linguistique pour leur trouver un remède mais de reconstruire une puissance à la hauteur de son passé glorieux. Évidemment, la vision que l’on se forme de la langue se doit de s’adapter à la nouvelle aspiration nationale.

Extrait de : La pensée en Chine aujourd’hui  sous la direction d’Anne Cheng – « Identité de la langue, identité de la Chine, contribution de Chu Xiaoquan »,  p. 295, Paris, Editions Gallimard,  coll. Folio essais, 2007.