Entre 1949, date de l'arrivée au pouvoir du Parti communiste et 1979, date de l'ouverture, la population chinoise a pratiquement doublé, passant de 500 millions à un milliard d'habitants pour atteindre 1,3 milliard d'habitants en 2013.

 Mao Tsé-toung a encouragé les Chinois à procréer pour renforcer le poids de la Chine avant de faire marche arrière dans les années 1960 en imposant un strict contrôle des naissances et en retardant l’âge minimum légal du mariage. Zhou Enlai propose de mettre en place la législation sur l’enfant unique dans les années 1970. En 1978, Den Xiaoping, le nouveau maître de la Chine, estime que seule la réduction du nombre d’enfants permettra l’élévation du niveau de vie des familles et le développement de la Chine. Un effort particulier est fait pour fournir à la jeunesse une éducation de qualité. Il institue alors la « politique de l’enfant unique » qui sera mise en application dans les grandes villes en 1982. La propagande se déchaîne. « Avoir un seul enfant, c’est merveilleux, une fille c’est encore mieux ». Si une grossesse inattendue survient, la femme est aussitôt conduite à l’hôpital pour avorter. Il faudra une génération pour que la mesure soit « admise ».

Aujourd’hui c’est au tour des enfants uniques d’être à l’âge de procréer. Un assouplissement a été toléré. Deux enfants uniques  qui se marient sont autorisés à avoir eux-mêmes deux enfants. À la campagne, la directive n’a jamais été acceptée. La tradition veut que les fils s’occupent de leurs parents âgés quand les filles partent dans leur belle-famille. La politique de l’enfant unique est à l’origine d’un nombre très important d’infanticides, d’abandons et d’avortements tardifs (quand on connaît le sexe de l’enfant). En 1984, la loi a été aménagée pour permettre aux familles paysannes qui ont un enfant handicapé ou une fille (dans cet ordre dans le texte)  de tenter un second enfant. Les minorités nationales ou religieuses bénéficient du même droit, ce qui explique un grand nombre de conversions. La baisse de contrôle des comités de quartier, le développement de la population flottante (les ouvriers migrants venus de la campagne) ont permis la naissance de millions d’enfants non enregistrés qui ont les plus grandes difficultés à obtenir une inscription à l’école.
Cette politique de l’enfant unique appliquée depuis plus de trente ans aurait permis, selon le bureau des statistiques chinois d’ « éviter » quatre cents millions de naissances. L’inversion du ratio garçons/filles à la naissance (130/100 en moyenne nationale, plus de 145/100 dans certaines provinces rurales comme le Hunan, alors que le ratio naturel est de 100 garçons pour 101 filles) pose le problème d’un manque de filles pour la nouvelle génération. Selon Caroline Puel, auteur de Les 30 ans qui ont changé la Chine, à partir de 2025, le nombre de Chinois de plus de 45 ans sera supérieur aux jeunes. Pour Françoise Lemoine, économiste conseiller au CEPII, citée par le Monde, la population des 15-60 ans, c’est-à-dire la population active, après avoir augmenté de 359 millions entre 1980 et 2010, va se stabiliser aux alentours de 2015 avant de diminuer jusqu’à 2035. La nouvelle équipe arrivée au pouvoir en 2012 réfléchirait à un nouvel assouplissement de la loi dont l’application varie d’une province à l’autre Exemple : à Shangaï, où le taux de fécondité est seulement de 0,6%, les couples divorcés sont autorisés à avoir un deuxième enfant.

En novembre 2013, à l’issue du 3e plenum du Comité central du Parti communiste chinois, un assouplissement de la politique de l’enfant unique a été annoncé. Si dans le couple, l’un des deux est enfant unique, le couple peut avoir deux enfants. En octobre 2015, la politique de l'enfant unique a été officiellement abolie. Les couples peuvent désormais avoir deux enfants.

Notre conseil : Ne demandez pas  à une femme chinoise combien elle a d’enfants. Elle n’en a probablement qu’un.

EN SAVOIR PLUS :

Puel Caroline, Les trente ans qui ont changé la Chine, 1980-2010, Editions Buchet-Chastel, 2011. Mo Yan, Grenouilles, 2011 (roman)

Schmitt Eric-Emmanuel, Les dix enfants que Madame Ming n’a jamais eus, Albin Michel, 2012