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Selon le journal australien The Diplomat, l'alunissage du rover chinois sur la face cachée de la Lune en janvier 2019 marque définitivement la fin de la domination américaine dans la conquête spatiale.

Source : The Diplomat du 29 mai 2019, Sydney, Australie, article de Namrata Goswami, chercheuse indienne spécialiste des grandes puissances, reproduit par l'hebdomadaire Courrier International du 18 au 24 juillet 2019.

Lorsque le 3 janvier 2019 la sonde chinoise Chang'e 4 s'est posée dans le bassin Aitken du pôle sud de la Lune [sur sa face cachée, une première], l'histoire de l'exploration spatiale a changé à jamais. Pendant près d'un demi-siècle, nous avons vécu dans l'ère d'Apollo, le programme [américain] qui a permis à l'homme de faire ses premiers pas sur la Lune. Lorsque l'aube s'est levée le 3 janvier, nous sommes entrés dans l'ère de Chang'e, tournée vers l'installation durable de l'homme sur notre satellite naturel. A l'instar des missions missions Apollo de la Nasa qui avaient reçu le nom d'un dieu grec, le programme chinois d'exploration lunaire [connu sous l'acronyme Clep, pour Chinese Lunar Exploration Program] porte celui d'un personnage de la mythologie chinoise : Chang'e, la déesse de la Lune. Mais à la différence du programme Apollo, l'objectif du CLEP n'est pas de laisser "des drapeaux et des empreintes de pas". Le Clep veut rejoindre la déesse Chang'e, qui a fait de la Lune sa demeure, et y établir une présence humaine permanente d'ici à 2036.

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L'objectif est d'exploiter ses ressources minières comme le titane, l'uranium et le minerai de fer, ainsi que sa glace d'eau pour fabriquer sur place des fusées et du carburant. Avoir des unités de fabrication dans l'espace est capital pour la Chine si elle veut mener à bien ses projets d'exploitation de l'espace, comme l'extraction des minerais des astéroïdes et la construction d'une centrale solaire en orbite géosynchrone [qui se déplace dans le même sens que la Terre et à la même vitesse] d'ici à  2050. La dernière mission du Clep, Chang'e 4, a permis de découvrir des fragments du manteau lunaire. [...]

La Chine a prévu de lancer la mission Chang'e 5 avant la fin de l'année, sur la face visible cette fois, pour recueillir des échantillons  et les rapporter sur Terre. Le 24 avril , le directeur de l'Administration spatiale nationale chinois (CNSA), Zhang Kejian, a annoncé que son pays comptait installer une station de recherche sur la Lune d'ici à  2030 et envoyer deux robots explorer ses pôles pour chercher de la glace et d'autres ressources.

L'atterrissage de Chang'e sur la face cachée de la Lune a accéléré la course pour atteindre les pôles du satellite naturel de la Terre. Il y a cependant une nette différence entre les ambitions chinoises et celles des autres nations. Alors que les Etats-Unis, l'Inde, le Japon et la Corée du Sud veulent se poser aux pôles pour développer des activités scientifiques et d'exploration, la Chine est le seul pays à avoir élaboré un programme à long terme. C'est également le seul à avoir investi des sommes très importantes (30 millions de dollars) dans le développement de nouvelles technologies spatiales. Aucune autre nation n'a encore annoncé des plans d'une envergure aussi grande que ceux de la Chine. Parmi eux figurent le maintien d'une présence hulaine permanente sur la Lune, la construction d'une centrale solaire dans l'espace pour alimenter les futures bases qui y seront implantées, l'exploiration des ressources minières de l'espace, le lancement d'une station spatiale solaire en orbite géosynchrone et l'accélération de la modernisation des institutions spaciales militaires. Si des acteurs privés comme Bezos et Musk ne se cachent pas de nourrir des desseins similaires, le gouvernement américain n'a fait part d'aucun projet aussi ambitieux.