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Cang Jie, l'inventeur mythique des caractères chinois, représenté avec les quatre yeux que lui prête la tradition, qui lui permettent de voir les secrets du ciel et de la terre.

Devin et ministre de l'empereur Jaune (2898-2679 av. J.-C.), Cang Jie est considéré par les Chinois comme l'inventeur mythique de l'écriture chinoise, unique au monde et objet d'une grande fierté nationale. La légende le dit doté d'une double vue qui lui permettait de tout pénétrer de son regard perçant. Des textes classiques de la littérature chinoise assurent qu'il se servait de deux de ses yeux pour observer le ciel et des deux autres pour contempler la terre, ce qui lui permit d'obtenir une vision unitaire. Dans la cosmologie chinoise, le ciel et la terre représentent les principes de l'action (yang) et de la réaction (yin) dont les symbioses génèrent toutes choses.Cang Jie "le voyant" s'inspira d'abord des formes élémentaires et appela wen les caractères simples qu'il en obtint. Il associa ensuite les éléments formels à certains sons et appela zi les signes composés issus de ces combinaisons. Plus tard, on nomma shu (écriture) les idéogrammes ainsi obtenus lorsqu'ils étaient tracés sur la soie et les lamelles de bambou. "De cette légende, on peut surtout retenir, écrit Claude Mediavilla dans L'ABCdaire de la calligraphie chinoise (Flammarion, 2002,2013), le rapport privilégié que l'écriture entretient avec la nature, plaçant la calligraphie au centre du principe organisateur du monde. Chaque trait doit ainsi s'inspirer des mouvements essentiels de la nature : vent dans les arbres, eau s'écoulant en cascade, roseaux, vols rapides des oiseaux... Ce préjugé très ancien explique que dans l'esprit des Chinois, les signes de l'écriture ne sont pas des entités arbitraires mais bien des représentations de phénomènes naturels et l'expression d'une vérité essentielle."

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Calligraphie réalisée en 2015 (collection personnelle) à partir d'un poème ancien (dynastie Tang)