Paysan à la retraite, M. Xiang ne veut pas quitter sa maison traditionnelle, toute en pierres et à l’entrée surmontée de l’immense caractère « fu » signifiant « bonheur » en chinois. À l’intérieur, une immense peinture de Mao Zedong et Zhou Enlai avec, au pied, bougies et fleurs de lotus en plastique, en signe de vénération… Illustration du fait que « de nos jours, pour certaines couches sociales, Mao est devenu une sorte de bouddha », comme l’écrit Du Qinggang, auteur du best-seller Le Président Mao est mort, paru en 2002 aux éditions Desclée de Brouwer.

Mais les demeures encore habitées du village ancien de Xiong, vieux de six cents ans, se comptent sur les doigts de la main. Les herbes folles ont envahi les sentes courant entre des bâtisses simples, au charme bien réel avec leurs pierres sculptées et leurs calligraphies. C’est que ces dernières années, la plupart des habitants sont partis travailler dans l’industrie à Wuhan ou Chongqing, deux immenses et proches métropoles à moins qu’ils ne se soient installés dans la nouvelle bourgade construite à deux kilomètres, là où se trouvent commerces et services de proximité.

Retraité, M. Xiang conserve ses dix mus de terre (un mu correspond à un quinzième d’hectare) dont il loue une partie. S’il n’en est pas propriétaire – en Chine, la terre appartient à l’Etat – il détient un bail de vingt ans sur ses terres et à sa mort, elles pourront être redistribuées entre ses quatre fils. Aujourd’hui, il y cultive ses légumes mais le riz reste la principale production du village, avec deux récoltes par an. Le gouvernement a infléchi sa politique agricole pour augmenter les rendements. Depuis 2003, il dispense les paysans de tout impôt et subventionne l’achat de semences à hauteur de 100 yuans par mu (un euro vaut environ 7 yuans). En quelques années, le rendement a quasiment doublé passant de 800 à 1500 livres de riz par mu. L’achat de matériel agricole est également subventionné à hauteur de 90 yuans par mu. D’autre part, l’arrivée du gaz comme combustible a permis d’épargner le bois. Aujourd’hui, la campagne reverdit.

À Xiong comme ailleurs, le développement agricole relève de la responsabilité du maire. Ici, le maire est une femme, fraîchement élue, également secrétaire du parti communiste. Mme Xiang a dû affronter un adversaire masculin lors de ce scrutin mais les électeurs l’ont choisie. Elle nous dit être l’une des trois femmes élues dans le district qui regroupe 46 villages. Les villageois sont-ils satisfaits des subventions qu’ils reçoivent ? Madame le Maire ne répond pas.

Autre changement : la mise en place de la sécurité sociale et des pensions de retraite pour les paysans. Toute la population rurale cotise aujourd’hui à hauteur de 30 yuans par personne et par an pour une protection contre les accidents. Pour la maladie, il faut ajouter 100 yuans. Les retraités, eux, touchent désormais une petite pension, variable d’une province à l’autre. Dans le Hubei, elle se monte à 200 yuans par mois, 700 yuans si le retraité est sans enfants. Un progrès appréciable dans un pays dont la majorité de la population reste rurale.

 

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